Description
Au moment où Aldo Moro est kidnappé par la Brigade Rouge en 1978, il transporte dans sa voiture plusieurs porte-documents contenant des informations très sensibles. L’une de ces serviettes « disparaît » pendant une demi-heure avant d’être remise dans la voiture. Par qui ? Aujourd’hui il semble presque certain que les services de sécurité de l’Etat étaient impliqués dans le kidnapping. Aldo Moro, ainsi qu’ Enrico Berlinguer, le chef du Parti Communiste, était l’un des initiateurs du « Compromis Historique », et par là même n’entrait pas dans le moule de la Guerre Froide.
Son élimination était destinée à déjouer ses plans d’action pour permettre aux Communistes de faire partie du pouvoir au sein d’un gouvernement occidental. Le « sale boulot » était attribué aux terroristes, tandis que l’Etat devait participer lui-même à la disparition des documents. En l’occurence, sans résultat. Une fois incarcéré dans cette « prison du peuple », Moro finit par se rendre compte que, malgré le lancement d’une énorme opération de recherche, l’Etat n’avait aucune intention de le trouver réellement.
Il décida alors de révéler à la Brigade Rouge sur une cassette audio toute une liste de scandales de l’Italie de l’après-guerre. Toutefois on peut se demander pourquoi les terroristes, qui désiraient la chute de l’Etat, ne se sont pas servi de ces révélations. Peut-être parce que, à contrepied des déclarations officielles affirmant qu’il n’y aurait jamais de négociations avec les terroristes afin de faire relâcher Moro, l’Etat aurait déjà conclu un accord avec les kidnappeurs par le biais des services secrets ? Cette version des faits est en tout cas celle à laquelle souscrivait le président de la commission d’enquête parlementaire.
Cependant, quelque accord qu’il y ait eu, il n’est pas intervenu à temps, car des copies de la cassette étaient déjà tombées en d’autres mains. Etayé par des faits nouveaux et les affirmations de témoins, le film fournit une preuve claire de la complicité de l’Etat dans l’assassinat d’Aldo Moro. Parmi les personnes interviewées, il y a l’ancien Ministre de l’Intérieur Francesco Cossiga, le magistrat en charge de l’enquête sur la Brigade Rouge, un démocrate-chrétien qui aurait pu établir les coordonnées de Moro, un membre de la commission d’enquête parlementaire et deux membres de la Brigade Rouge. Il s’agit là d’un documentaire qui met à la lumière le côté le plus sombre de la république italienne d’après-guerre.